La qualité de l'air intérieur (QAI) dans les lieux publics est un sujet de préoccupation croissant, en particulier lors de grands événements et salons professionnels. Lors du salon EnerJ Meeting Paris 2023, les capteurs Cozy Air ont mesuré en temps réel l'évolution de la QAI. Cet article présente les principaux résultats de ces mesures et leur impact sur la santé et le confort des participants.
Sur cette journée, le palais Brongniart a accueilli près de 3 000 visiteurs sur les différentes zones du salon.
Pour notre part, nous nous situions dans les coursives du R+2 en face de la salle Napoléon.
A l’ouverture du salon au public à 8h30, la concentration initiale en dioxyde de Carbone était déjà de 900 ppm, soit un niveau supérieur au 800 ppm recommandé par le HCSP. Et cela avant même l’arrivée des visiteurs ! Ensuite le taux de CO2 a augmenté de façon linéaire pour atteindre son maximum en fin de matinée, a diminué sur la période du repas, s’est stabilisé durant l’après midi, et enfin diminué de façon quasi linéaire à partir de 16h. Voici en chiffres, l’évolution du CO2 sur la journée :
Nous voyons donc que la concentration en dioxyde de Carbone (CO2) a augmenté de manière significative au cours de la journée. Le maximum atteint étant de 3 168 ppm à 11h10.
Pour rappel, mesurer le taux de dioxyde de Carbone (CO2) permet d’apporter une information sur le confinement de l’air à l’intérieur. Celui-ci fait appel à deux notions :
Un espace avec un bon renouvellement d’air et au taux d’occupation respecté présentera un confinement de l’air faible et donc un plus faible risque d’accumulation du CO2 et d’autres polluants.
Le CO2 en lui même ne présente pas de risque pour la santé aux concentrations que nous rencontrons dans notre vie quotidienne, même au dessus de 3 000 ppm. Sur la durée, l’effet sera avant tout sur le confort avec une sensation d’oppression du au manque de renouvellement d’air, associé potentiellement à une baisse des performances cognitives et des maux de têtes avec des expositions prolongées.
Le risque pour la santé concerne plutôt ici les expositions aux polluants de l’air intérieur comme les Composés Organiques Volatils COV et / ou les virus aéroportés. En effet, comme nous l’avons vu, le renouvellement de l’air est insuffisant lors de ce salon. Cela implique une possible accumulation des composés nocifs dans l’air.
Durant les 9h et 20min de présence sur le salon, nous avons, en tant qu’exposants de la zone des coursives au R+2, passé 100 % du temps avec un taux de CO2 supérieur au seuil de 800 ppm recommandé par le HCSP. Dont 5h et 5min au dessus de 2 000 ppm.
Au delà de l’information fournie sur le renouvellement de l’air, la mesure du taux de dioxyde de Carbone CO2 permet d’apporter un regard sur les périodes d’affluence des visiteurs sur le salon.
En effet, dans le cas présent avec un renouvellement de l’air insuffisant, les variations du CO2 sont dues au nombre de personnes présentes au même instant dans une zone.
Pour rappel et de manière très simplifiée, le CO2 est émis par lors du processus de respiration en convertissant l’oxygène inspiré en CO2 expiré.
Ainsi, pour ce salon EnerJ Meeting 2023 au Palais Brongniart le 09 Février 2023 et dans la zone des coursives au R+2, l’affluence maximale a été atteint en fin de matinée avec une arrivée constante de visiteurs depuis le matin. Durant l’après midi, l’affluence est inférieure de 30% par rapport au matin et diminue de 20 % par heure à partir de 16h.
Contrairement à ce que l’on pouvait craindre avec un renouvellement de l’air très insuffisant, l’exposition aux Composés Organiques Volatils s’est révélée faible avec aucun risque sanitaire pour les exposants et visiteurs.
Comme quoi, cela prouve bien que mesurer juste le dioxyde de Carbone CO2 pour une utilisation d’indicateur de la qualité de l’air intérieur global n’est pas cohérent.
Les mesures ne font pas apparaitre de pollution aux Composés Organiques Volatils COV ayant pour sources les mobiliers d’exposition. Les seules variations notables sont dues aux produits de cosmétiques portés par les visiteurs et exposants lors de leur venue sur le stand.
Afin d’établir des conclusions cohérentes vis à vis des durées d’expositions, nous considérons les exposants et les visiteurs de manière différentes. En effet, un visiteur va circuler entre les différentes zones, peut sortir s’aérer, tandis qu’un exposant va “plus globalement” rester sur son stand durant des périodes plus longues.
Comme nous l’avons vu précédemment, d’un point de vue polluants de l’air intérieur, ni les exposants ni les visiteurs ne sont exposés à des concentrations de pollution supérieures aux seuils de recommandations pouvant présenter un risque pour la santé.
Concernant le confort, celui est médiocre pour les exposants qui vont rester pendant plusieurs heures dans un environnement ou le renouvellement de l’air est insuffisant qui vont se traduire à partir de l’après midi par une fatigue supérieure que celle rencontrée sur tout type de salon, par une sensation d’air vicié et potentiellement des maux de tête. Pour les visiteurs, le confort est moyen car la durée d’exposition plus faible en comparaison aux exposants.
Enfin, d’un contexte épidémique de moins en moins d’actualité mais pas pour autant terminé, le risque de transmission de virus aéroporté s’est avéré élevé. En effet, nous savons aujourd’hui que pour un environnement intérieur donné, lorsque le niveau de CO2 double, le risque de transmission des virus double également de manière approximative.
Cette étude de la QAI lors d'EnerJ Meeting Paris 2023 met en évidence l'importance de la ventilation et de la limitation de la densité d'occupation pour assurer le confort et la santé des occupants lors d'événements en intérieur. Des mesures doivent être prises pour améliorer la QAI lors des prochaines éditions du salon.
Dans le cas présent, limiter le nombre de visiteurs présent de manière simultanée dans le salon n’est pas une possibilité concevable. Et dans les zones du Palais Brongniart concernées par Enerj Meeting, il n’y a pas d’équipements de ventilation sur lesquels une action seraient possibles.
De ce fait, et succinctement, nous recommanderions :
Nous n’aborderons pas la possibilité d’installer des purificateurs d’air, les différents types de technologies n’ont pas vocation à améliorer le renouvellement de l’air, ce qui est dans le cas présent nécessaire. De plus, nous vous invitions à lire la dernière note technique de l’INRS sur l’évaluation des performances de filtration d’aérosols de trois technologies d’épurateurs d’air intérieur.